Nocturnal Suite (Kei Shinozuka & Kiyomi Matsuyama)

J'avais passé une mauvaise journée, je revenais du bureau du principal qui m'avait fait la moral. Ma première journée en classe était un désastre total. Mon professeur était très en colère lorsqu'il m'a vu entré dans son cours accompagné d'un surveillant. Les autres élèves avaient pouffé de rire en me voyant arrivé et grondé par le professeur.

J'avais remis ma carapace de fille forte et dure et je n'avais donné aucun signe de malaise ou d'humiliation. J'étais restée de marbre devant eux et j'avais affiché une expression dure. Par chance, j'avais une place tout au fond près des fenêtres et personne n'était assis à coté de moi.

Je n'avais pas retrouvé ma guitare. Durant les pauses, j'ai cherché partout, mais rien. Je n'ai même pas croisé Kei de la journée. Je suis retournée dans ma chambre après le repas du soir et j'ai toute suite sauté dans la douche. En y sortant, j'enfilai des vêtements décontractés et je m'installai à mon clavier électronique.

Lorsque je n'allais pas bien, je jouais mes chansons préférées à la guitare, mais l'ayant perdu je me contentais du piano. Je me mis à jouer Kaori de mon groupe préféré : SuG. Cette chanson m'apaisai et arrivait à me redonner le sourire. Mais étant tard, je ne pouvais pas me permettre de faire jouer la vraie version sur ma radio.

La voix de Takeru, le chanteur réussisait à me donner l'énergie et le courage de passer à travers des évènements. Je ne pouvais pas passer une seule journée sans écouter sa musique. Si par malheur, je ne pouvais pas l'écouter, je me sentais déprimée.



En jouant les premiers accords de la chanson, je me sentis aussitôt mieux. Je me mis à sourire et à jouer avec plus d'ardeur. Quand soudain, j'entendis frapper à la porte. Je soupirai en cessant de jouer et me levai pour aller ouvrir. Qui pouvait venir me voir à cette heure ? Je ne connaissais personne !

J'entrouvris la porte, incertaine et regardai à l'exterieur. Je sursautai et mon coeur se mit à battre la chamade en voyant Kei debout devant ma porte. Il me regarda avec une expression indéchiffrable. Aussitôt, je me rappellai le contact de sa main sur la mienne et ses bras m'entourant et me planquant contre lui.

Je le fis entrer dans ma chambre, ce qui était interdit. Les garçons ne pouvaient pas entrer dans la chambre d'une fille. C'était contre le règlement. Il entra dans ma chambre et je vis qu'il tenait ma guitare, je me précipitai aussitôt pour la prendre. Je le retournai de tout les côtés pour voir si elle était brisée, mais elle n'avait rien. Je branchais ma guitare à l'ampli, diminuais le volume pour pas déranger tout le monde, m'assis sur mon lit et mit à jouer quelque chose de assez rock. Leech de the GazettE.

Je m'arrêtai me rappelant la présence de Kei et posai ma guitare sur le trépied.


Kei était silencieux et il me regardait, son regard toujours indéchiffrable. Je me levai en détournant le regard, gênée.


Je plongeai alors mon regard dans les siens, laissant couler une larme sur ma joue.

La porte s’ouvrit et Kiyomi apparut sur le seuil. Kei se demanda comment elle allait réagir en voyant qu’il lui avait ramener sa guitare. N’importe quelle personne normale l’aurait simplement remercié mais, depuis que Kiyomi c’était enfui en pleurant et sans la moindre raison apparente quelques heures plus tôt, Kei avait du mal à la considérer comme une personne normale…

Voyant qu’elle s’écartait légèrement pour le laisser passer, il pris cela comme une invitation à entré. Il fit quelques pas dans la chambre, la détaillant du regard. C’était une pièce à peu près normale, pas très différente de la sienne et de, sans doute, toutes les autres chambres des étudiants. Son regard se posa finalement sur le clavier et il ne put plus en détourner les yeux. Un clavier… Si seulement il pouvait en avoir un ! Mais son père avait brisé son piano quelques années plus tôt, lui interdisant d’en jouer… Et ce n’était pas avec son argent de poche qu’il pourrait en racheter un. Bien qu’étant riche, le père de Kei c’était toujours montré extrêmement radin. Il y avait peut être une salle de musique dans l’école, qui sait ? Il n’en savait rien, il l’espérait juste…

Il fut tiré de ses pensées par Kiyomi qui lui arrache carrément la guitare des mains. L’auscultant et la palpant comme on le ferait avec une personne fragile, elle la brancha ensuite à son ampli’ pour pouvoir en jouer. Elle avait vraiment l’air d’y tenir plus qu’à la prunelle de ses yeux. Et Kei ne pouvait que la comprendre. Il eut un petit sourire très bref qu’il camoufla bien vite. C’était rare qu’il comprenne quelqu’un.

Très vite, un son plutôt rock s’échappa de l’ampli’ formant les premières notes d’une chanson qu’il connaissait. Il n’écoutait pas beaucoup de rock mais il lui semblait que ce morceau était plutôt connu. Pas moyen de se souvenir de son auteur. The GazettE ? Sans doute, mais il n’en était pas certain. Il jeta un petit regard au clavier qui le narguait avant de se concentrer sur les doigts de Kiyomi et de la mélodie qu’elle jouait. Il essayait de suivre les accord mais cela était difficile. Il jouait un peu de guitare mais la jeune fille jouait bien mieux que lui. Elle s’arrêta soudain brusquement, en plein milieu du morceaux.


Il avait toujours eu du mal à se concentrer sur les monologues et autres longues conversations. Inévitablement, durant ceux-ci, son attention se fixait sur autre chose et son esprit se mettait à dériver. Il avait continuer à regarder Kiyomi, se concentrant sur ses paroles. Il essayait de comprendre mais… Il avait un peu de mal, n’ayant que peu connu l’amour parentale et, surtout, l’amour maternelle.

«Désolée de tout te raconter ça... Ça ne doit pas t'interesser du tout. Pardon... Bref... Merci, je suis vraiment heureuse que tu me l'aies rapporté, je t'en suis reconnaissante, Kei...»

Et une larme coula le long de sa joue, se brisant aux coins de ses lèvres. Kei était gêné. Il n’était pas habitué à tant de reconnaissance. Et ses larmes… Il ne savait pas comment réagir, ne savait pas où se mettre. Il ne savait pas quoi dire.


Il fit un pas dans sa direction, hésita, tendit la main, la dirigea vers sa joue, hésita de nouveau et essuya d’un doigt une nouvelle larme qui s’était formé. Ce n’était pas dans ses habitudes de faire ça mais… Cette situation était vraiment inconfortable. Dans de nombreux films il avait vu le héros faire cela et, dans tout les cas, cela consolait la personne en train de pleurer. Le contact de la joue de Kiyomi lui réchauffa les doigts, lui rappelant à quel point ses mains avait toujours été froides. Il espérait que, malgré cela, le contact ne serait pas trop désagréable pour la jeune fille.

« Arrête juste de pleurer s’il te plaît. »

Encore une fois, il avait parler le plus doucement qu’il le pouvait, ne voulant pas être responsable d’une nouvelle crise de larmes… Il retira doucement sa main.
En temps normal, il aurait ensuite dit au revoir et serait partie mais… Le clavier. Cela le démangeait. Tant pis s’il en devenait impoli.


Sans attendre la réponse, il s’assit et plaça ses doigts au dessus du clavier. Il n’attendait que l’accord de Kiyomi pour jouer.

Il s'approcha de moi, tranquillement et essuya les larmes de ma joue d'un doigt. Le contact sa peau sur la mienne me fit frissonner et mon coeur se mit à battre la chamade de plus belle. Ce geste me toucha. C'était comme dans les films. J'avais le goût de pleurer de plus belle. Mais comme s'il avait deviné, il parla :


Sa voix était douce et rassurante ce qui empêcha les larmes de couler à nouveau. Il fit un mouvement vers la porte et mon coeur sembla s'arrêter. Je ne voulais pas qu'il parte, je voulais qu'il reste avec moi, je voulais être avec lui, seulement lui. Sa présence me rassurait et me réchauffait le coeur. Je ne connaissais que lui et je ne voulais connaître que lui.

Il était devenu tout pour moi en un rien de temps. Il était devenu mon univers, ma vie, mon air, il faisait battre mon coeur. S'il partait, j'avais l'impression que j'allais manquer d'air et que mon coeur allait cesser de battre.

Je ne savais pas si c'était ça l'amour, je n'avais jamais été amoureuse de ma vie, mais les sentiments que j'avais envers Kei n'était pas habituels, je ne les avais jamais ressenti auparavant. C'était tout nouveau pour moi.

Je voulais me rapprocher de lui à tout prix. Je voulais apprendre à le connaître, lui parler plus, être avec lui. Kei semblait être quelqu'un qui ne s'ouvre pas aux autres, alors, je veux à qu'il s'ouvre à moi, je veux tout savoir de lui. Je ferais tout pour qu'il s'ouvre à moi.

Lorsqu'il s'approcha de la porte, il posa les yeux sur mon clavier. Il ne le lâcha pas des yeux. Il avait l'air d'avoir envie d'en jouer, Kei s'en approcha.


Sans attendre ma réponse, il s'assit devant mon clavier et plaça ses mains au dessus des touches. Il resta dans cette position en attente d'une réponse de ma part.

«Oui, joues s'il te plaît. J'aimerais tant d'entendre jouer.»

Kei sourit. C’était sincère. C’était la première fois qu’il était aussi heureux depuis quelques jours. Il ne pensait pas que le piano lui aurait manqué à ce point mais, là, juste devant un clavier qui n’attendait que lui, l’envie d’en joué devenait insoutenable. Il fit cesser la torture et déposa délicatement ses doigts sur les touches noirs et blanches –seul couleur qu’il avait jamais pu distinguer.

Timidement, il fit quelques accords, testant la résonnance des notes. Satisfait, il continua avec quelques gammes, rapides. Il savourait son moment, ne précipitant pas les choses. Puis il s’arrêta. Il posa ses mains à côté de lui et réfléchit un instant.

Il se demandait quoi jouer. Il ne voulait pas jouer quelque chose de trop triste car il craignait que Kiyomi ne se remette à pleurer. Il la regarda et lui adressa un nouveau sourire. Quelque chose de joyeux donc…

Finalement, il déposa encore une fois ses doigts sur les touches et commença un morceau, plutôt rapide, un peu entraînant. Ses mains dansaient littéralement sur le clavier. Il ferma les yeux un instant pour sentir la mélodie mais les rouvrit bien vite de peur de louper des notes. Il se concentra de nouveau sur l’instrument. Il le maîtrisait parfaitement tout comme il maîtrisait le morceau mais, n’ayant pas jouer depuis longtemps, préférait rester concentrer.

Les dernières notes de la chanson se fit entendre et Kei reposa ses mains. Ce n’était pas assez pour lui. Cela n’avait était qu’un échauffement, il aurait voulu jouer plus, toute la nuit si il en avait eu l’occasion. A peine avait il cesser de jouer que le besoin de recommencer ce faisait à nouveau ressentir. Mais il ne voulait pas montrer cette faiblesse à Kiyomi…

Il jeta un œil vers elle, guettant sa réaction.

Il avait l'air heureux de pouvoir jouer. Il commença avec des gammes rapides, puis s'arrêta, me regarda et sourit. Son sourire était magnifique, le premier qu'il me faisait. Je ne puis m'empêcher de rougir et il se mit à jouer une chanson assez joyeuse. Ses doigts se promenaient avec agilité sur les touches du clavier.

Il était vraiment talentueux, sa musique était magnifique, je l'adorais. Lorsqu'il s'arrêta, je fûs déçu. Je voulais l'entendre jouer davantage. Et mes mains me démangeaient, je voulais attraper ma guitare et en jouer pour pouvoir accompagner Kei. Peut-être aimerait-il cela ?

Kei avait la tête tourné vers moi et semblait guetter ma réaction. Je lui souris en applaudissant.

Des applaudissements retentirent, manifestation de l’enthousiasme évident de la jeune fille et de son intérêt pour sa musique. Kei appréciait toujours lorsque l’on aimait sa musique. Mais ce qu’allait proposer la jeune fille l’étonna.


Un…Duo ? Lui, jouer dans un duo ? L’idée lui paraissait un peu folle. Il n’était pas fait pour jouer en groupe. Il n’était pas fait pour les groupe tout court donc jouer en duo était pour lui inimaginable… Mais pas inenvisageable. Il réfléchit un instant, hésita.


C’est qu’elle insistait, en plus ! Elle avait vraiment l’air motivée. D’un autre côté, Kei devait bien reconnaître que l’idée n’était pas mauvaise. La jeune fille était doué à la guitare et, lui, pouvait toujours prendre cela comme une occasion pour jouer encore un peu. Au pire, il pouvait essayer, ne serait-ce que pour cette chanson…

hésita-t-il.

Ce n’était pas dans ses habitudes, il n’avait que très rarement jouer avec quelqu’un d’autres… Oh, et puis zut.


Il ferma un instant les yeux, tentant de se rappeler la mélodie. Musicalement, touchant à tout les registres, il avait déjà piocher dans le Visual Kei et donc déjà jouer des morceau de The GazettE… Cassis était l’un des plus connu, il le connaissait forcément… Il tenta désespéremment de se souvenir des notes… Si, fa dièze, si, mi… Oui, c’était ça, il ouvrit les yeux.

Se tournant vers Kiyomi, attendant qu’elle prenne sa guitare, les mains aux dessus du piano, parer à jouer, il lui demanda :

« Prêt ? »

Il ne semblait pas très ravi de l'idée en voyant son visage.


Mon coeur sembla se briser, mais après quelques secondes, il accepta:


Je souris, heureuse.Kei ferma les yeux un moment, puis les rouvrient et plaça ses deux mains au dessus du piano. J'allais récupéré ma guitare et m'assis sur mon lit.


J'hochai la tête et nous commençames à jouer les premières notes de la chanson. Emporter par la beauté de ce que nous jouions, je me mis à chanter les paroles de la chanson. Notre duo était magnifique, nous étions syncronisés et tout était parfait. J'étais heureuse...

Oui ! Avec la guitare électrique c’était encore mieux. Kiyomi était vraiment talentueuse… Lorsqu’elle commença, Kei fut légèrement surpris. Il ne pensait pas que la jeune fille chanterai, il pensait plutôt qu’ils se contenteraient d’un instrumentale… Sa voix n’était pas parfaite. Elle ne devait pas chanter souvent. Mais elle était loin d’être laide et avait quelque chose de charismatique. C’était une voix qui donnait envie de chanter avec elle. Puis le refrain arriva. Kei n’hésita qu’un instant. Entrainé par la voix de Kiyomi, il chanta les quelques lignes qu’ils connaissait. Lorsque celui-ci fut achevé, il put s’empêcher de se demander ce qu’il lui avait pris. Il lui était déjà arriver de chanter… Mais cela était rare. Kei n’aimait pas sa voix. A vrai dire, il n’aimait pas grand-chose chez lui de toute manière… Mais chantait devant quelqu’un lui avait toujours paru être un acte extrêmement impudique… Il n’aimait pas chanter car, lorsqu’il le faisait, ce moment était l’un des rares où son visage n’était pas totalement inexpressif. Lorsque la chanson était joyeuse un sourire se peignait sur son visage, lorsqu’elle ne l’était pas, celui-ci devenait grave…

Il fut réellement surpris par l’harmonie que Kiyomi et lui arrivait à créer. Comme si leur deux manières de jouer s’emboitaient parfaitement l’une dans l’autre… Comme s’il avait étaient destinés à former un duo…

Non, ce n’était vraiment pas dans ses projets… Il était trop habitué à la solitude, trop habitué à n’en faire qu’à sa tête pour s’intégrer dans un groupe, qu’il soit un duo, un trio ou un quatuor. La chanson finit, Kei se tourna vers la jeune fille.


Ce n’était pas « pas mal », c’était même carrément prometteur mais il hésitait à le dire, de peur que la jeune fille ne lui propose de former un duo à long terme… Cela signifiait pour lui la perte de sa liberté…

Mais, d’un autre côté, un duo lui permettrait peut être d’envisager de faire carrière dans la musique… Vivre de sa musique serait tellement… Non, il partait dans des délires, là. Redescend sur Terre, Kei ! N’empêche que l’idée trottait dans un coin de sa tête.

Jouer avec lui était génial, nous formions une duo parfait. Nous arrivions à créer une harmonie digne de musiciens célèbres. C'était presque un rêve. Je n'aurai jamais cru que nous allions jouer si magnifiquement. J'étais fière de moi et de lui.


Je souris à son commentaire. Il avait entendu l'harmonie parfaite que nous avions crée. Je ne voulais pas qu'il parte. Je voulais rester avec lui toute la nuit. Comment pourrais-je le garder auprès de moi ce soir ? Je réfléchis un moment en déposant délicatement ma guitare sur le trépied.


Je ravalais ma salive, légèrement mal à l'aise.


Je retenais mon souffle en fermant les yeux, en attente d'une réponse de la part de Kei.

Sa dernière phrase provoqua un léger sourire chez Kiyomi. La jeune fille reposa sa guitare. Ses gestes étaient ralentis, comme si elle réfléchissait en même temps… Elle se tut quelques instants avant de reprendre la parole.

« Kei. »

Sa voix était tranquille mais le fait qu’elle emploie ainsi son prénom signifiait qu’elle avait sans doute beaucoup réfléchit avant de lui dire cela. Malgré son ton posé, elle semblait très stressée.

«Tu peux rester si tu veux, ce soir...»

Hé ! Elle venait de lui proposer de…rester ? C’était une…proposition ? Tout cela était un peu rapide, non ? Ils se connaissaient à peine !

«Pour jouer du piano... Je suis sûre que en jouer doit te manquer. Alors... faites toi plaisir...»

Ah… Oui... Il aurait du s’en douter. Pendant une fraction de seconde, Kei s’en voulut d’avoir eu l’esprit aussi mal placé. Il n’en rougit pas pour autant. Chaque fois qu’une fille lui avait proposé de « rester le soir », elle avait une idée derrière la tête. Mais Kiyomi n’était pas ce genre de fille !

L’idée de rester le soir ne lui plaisait pourtant pas pour autant… Peut-être que Kiyomi avait une idée derrière la tête finalement et qu’elle allait lui faire des avances. Si elle le faisait, Kei sentait qu’il allait la repousser. Il n’avait vraiment pas envie de se préoccuper de fille pour le moment… Et puis, le piano de Kiyomi ne lui était pas indispensable ! Il y avait bien une salle de musique dans cette école ! Non ? Quoique, dans tout les cas, ce n’est pas dans cette salle qu’il allait en jouer à cette heure-ci…

En fait, l’idée de rester jouer ne lui déplaisait pas dans le fond… La présence de Kiyomi n’était, contrairement à ce qu’il aurait cru, pas désagréable. Néanmoins, quelques problèmes se posaient toujours.
Après un long silence de réflexion, il prit enfin la parole.

« Je ne sais pas Kiyomi. J’aimerais rester mais, si nous continuons à jouer de la musique à cette heure-ci, nous risquons de déranger tes voisins de chambres… S’ils préviennent les surveillants et qu’on me trouve dans ta chambre à cette heure-ci, nous risquons vraiment d’avoir des problèmes… »

Oui, car malgré son « je m’en-foutisme » apparent, Kei aurait aimé, si possible, ne pas se faire renvoyer au bout de deux jours.

Je voulais absoluement qu'il reste avec moi. Sa présence me plaisait et me rassurait. Je devais trouver un moyen de le faire rester. Mais il avait raison, si il jouait du piano à cette heure, nous allions nous faire choper à coup sûr !

Soudain, j'eu une idée. Je me levais et me dirigeai vers le piano et à l'aide d'une petite touche, je descendis le volume du piano. Et appuyai sur l'une d'elle à fin de montrer à Kei que le son était assez fort pour que lui et moi puission l'entendre, mais que les gens du couloir à du mal à l'entendre.

Je me tournai vers lui en souriant doucement.

Kiyomi parut un instant déçue, comme Kei s'y attendait. Il ne bougea pas, attendant la prochaine réaction de la jeune fille qui serait, sans doute, de le congédier. Il fut quelque peu surpris de voir la jeune fille se lever et s'approcher du piano. Sans un mot, elle appuya sur la touche "volume" du clavier.

Ah... Ouais... Là, il se sentait vraiment idiot... A force de jouer sur des vieux piano bien classiques, le jeune homme en avait presque oublié qu'il existait, sur les claviers électriques, des boutons permettant, entre autre, de modifier le volume de l'instrument... Il se rassit lentement au piano, fixant Kiyomi du regard, sans rien dire. C'était ainsi qu'il témoignait habituellement sa gêne. Et là, il se sentait vraiment idiot...
Kiyomi testa le nouveau son puis lui sourit.

«Et comme ça ?»

Kei acquiesça lentement. Oui, comme cela c'était parfait. Personne ne les entendrait. Il était libre de jouer. Toute la nuit. Un sourire discret apparu sur ses lèvres tandis que ses yeux se posaient de nouveau sur le piano. Il se décala légèrement du siège dont il occupait la quasi-totalité de manière à faire de la place à la jeune fille. Sans ouvrir les lèvres, il lui fit signe de s'assoir. Le siège était bien assez grand pour qu’ils aient de la place tout les deux. Il attendit que Kiyomi s'asseye, puis se remit à jouer….

Je m'assis près de Kei et il se mit à jouer. J'étais si heureuse qu'il ait accepté de rester cette nuit. Je sentais l'adrénaline monter en moi. Nous pouvions nous faire prendre à tout moment et avoir une grosse conséquence.

Et que dirait les autres élèves lorsqu'ils apprenderont qu'un garçon à passer la nuit dans ma chambre ? Plusieurs rumeurs font faire le tour de l'école et j'étais sûre qu'aucune d'elle n'allait être vrai. Qui partirait la rumeur qu'un garçon à passer la nuit dans ma chambre pour jouer du piano ?! C'était presque impossible.

Sentir Kei à proximité de moi me faisait me sentir en sécurité. Il avait l'air heureux de pouvoir jouer du piano. J'avais vu un petit sourire se dessiner sur ses lèvres. Un sourire discret mais c'était un sourire.

Soudain, je sentis mes paupières s'alourdir, la fatigue voulait s'emparer de moi. Je voulais lutter pour ne pas dormir et pouvoir rester debout toute la nuit, mais c'était plus fort que moi et de plus, la douce mélodie que Kei jouait n'aidait en rien.

Je fermais alors mes yeux et m'endormi doucement et paisiblement sur l'épaule de Kei.

Kei ne se préoccupa bientôt plus de la présence de la jeune fille. Il ne se préoccupa d’ailleurs plus de rien. Seul comptait l’instant présent. Et il comptait en profiter au maximum. Il se mit à jouer les morceaux les plus compliqué qu’il connaissait. A sa grande satisfaction, il ne fit que peu de fausses notes. Lorsqu’on était habitué à jouer sur un vrai piano, c’était dur de s’adapter à un synthétiseur. L’inverse l’était sans doute aussi… La tête de Kiyomi tombant sur son épaule le fit s’arrêter. Il jeta un coup d’œil vers la jeune fille et s’aperçut qu’elle s’était endormi. Etait-ce donc ennuyeux à ce point de l’entendre jouer ? Ou au contraire la mélodie avait-elle bercé la jeune fille ? Au fond il s’en foutait. Le seul truc qui l’embêtait vraiment était ce poids sur son épaule… Pas que la tête de Kiyomi soit vraiment lourde mais, pour lui qui n’aimait pas les contact physiques… Depuis qu’il avait rencontré la jeune fille celle-ci l’avait plus ou moins obligé à les tolérer. C’était la deuxième fois qu’elle s’endormait sur lui s’il comptait bien… Deux fois en deux soirs… Ça faisait beaucoup, non ? Surtout que la nuit dernière c’était mal plutôt mal finis à son goût puisque la jeune fille c’était enfui en pleurant au moment où elle c’était réveillée. D’ailleurs, il n’en connaissait toujours pas la raison exacte. Pas que cela le préoccupe réellement mais n’importe qui en aurait été curieux.

Bref, il décida d’ignorer la présence de la tête de Kiyomi sur son épaule et de se remettre à jouer quelques heures après quoi il réveillerai celle-ci pour qu’elle dorme poursuive sa nuit dans le lit et non sur son épaule ! Il se remit donc à jouer.

Il ne sait combien de temps cela dura. Quinze minutes, une heure, quatre heure… Il n’en avait pas la moindre idée. Il avait perdu la notion du temps comme mit en transe par le fait de jouer (et, sans doute, un peu par la fatigue aussi… Après tout il n’avait que peu dormi la nuit dernière…). En tout cas, absolument rien ne le préparait aux tragiques événements qui allait suivre. Non, absolument rien ne le préparait au fait que quelqu’un frappe tout à coup à la porte. Il sursauta violemment, manquant de faire tomber la tête de Kiyomi qui était toujours posé sur son épaule… Il cessa immédiatement de jouer, commençant à se lever. Il se mit à secouer Kiyomi un peu brutalement sous le coup de la panique.

- Hé ! Que ce passe-t-il là dedans ? C’est quoi cette musique ? Mademoiselle Kiyomi, avez-vous une idée de l’heure qu’il est ?

C’était une voix de femme adulte… Sûrement une surveillante… Et merde… Il secoua Kiyomi de plus belle en murmurant son nom cette fois. Il n’attendit pas que la jeune fille ouvre les yeux pour s’arrêter. Sa priorité était de trouvé une cachette. Une cachette… Vite ! Une cachette, une cachette ! Pas derrière le rideau, c’était grillé d’avance… Il ne se voyait pas se cacher dans le placard, il doutait de pouvoir rentrer dedans. Le lit ! Il commença à s’accroupir, près à se glisser dessous. Il jeta un dernier regard vers la porte qui, à son grand soulagement ne s’ouvrit pas immédiatement…

Moins d’une seconde après, la porte s’ouvrit et il entendit la surveillante pénétré dans la chambre. Il vit ses pieds passer près du lit et s’immobilisé à quelques centimètres. Argh… Il était vraiment à l’étroit là-dessous…


Kei ne put s’empêcher de compatir. Kiyomi était vraiment dans de beaux draps… A côté d’elle, il s’en sortait bien. Il était surpris de savoir comment la jeune fille allait s’en sortir. Il se réjouissait toutefois un peu vite… Le trop plein de poussière accumulé sous le lit commençait à lui monté au nez. Il tenta tout, mettre sa main devant sa bouche, devant son nez, essayer de réprimer l’éternuement… Lorsqu’il crut qu’il y était parvenu, il ne put s’empêcher de craquer. Et finalement, il éternua. C’est vraiment idiot de se faire griller comme ça…


Oups...

Je me fis soudainement réveillée par Kei qui me secouait. J'ouvris les yeux et Kei se leva d'un bond paniqué. Il alla se cacher sous le lit à ma grande surprise et soudain la porte s'ouvrit et une surveillante à l'air servère entra dans ma chambre.

Mon coeur se mit à battre la chamade. Kei allait se faire choper et j'allais être dans de beaux draps. Encore une fois... Ça allait être encore pire car les garçons n'avait pas le droit de pénétrer dans les dortoirs des filles ! Soudain, je vis dans l'embrasure de la porte, une des élèves de ma classe qui s'était arrêtée pour regarder la scène.


Eh merde... J'allais vraiment avoir des problèmes. Esperont que Kei ne se fasse pas choper ça allait être pire ! Et si la fille dans le couloir le voyait, dès demain, toute l'école sera au courant et tout le monde pensera que Kei et moi avons... Eh merde ! Eh merde ! Avec ses fausses rumeurs, il allait peut-être cesser de me parler ! Adieu mes chances de me rapprocher de lui ! Moi qui n'avait aucun ami ici !

Soudain, j'entendis Kei éternué. Eh merde ! Ça y est, on était cuit. Mes chances de me rapprocher de Kei étaient détruites et j'allais peut-être me faire renvoyer de l'école. Mes parents n'allait vraiment pas apprécier ! Ça s'est sûr! J'allais décevoir ma mère et ça je ne le voulais pas du tout !


Eh merde ! Je suis sincèrement désolée Kei, je ne te cause que des problèmes !

Kei espéra jusqu’au dernier moment que Kiyomi tente quelque chose, n’importe quoi pourvu que cela empêche la surveillante de regarder sous le lit… Qu’elle la pousse hors de la chambre, qu’elle détourne son attention… Mais en dépit de tout les espoirs du jeune homme, la jeune fille ne fit rien. De toute façon, il devait reconnaître qu’à sa place il n’aurait rien osé faire non plus.

C’était fini, il était mort. La surveillante allait regarder sous le lit, il allait se faire prendre, on aller le renvoyer, son père allait le virer de la maison (il en était capable), il allait finir à la rue et mourir de faim et de froid comme les SDF. Voilà. Pessimiste comme vision ? Absolument pas ! Kei tentait simplement de voir la suite des événements la plus probable possible afin de l’accepter pleinement. Après, c’est sûr que ce n’était pas très plaisant comme mort. Mais bon. Il n’avait pas son mot à dire de toute façon. Finalement, et comme il s’y attendait, la surveillante passa sous le lit. Dès qu’elle croisa son regard, elle eut une expression déconcerté, puis complètement furieuse. Son visage devint rouge.


Aie… Kei sentit que ses oreilles était agressés… Elle était trop près et criait trop fort…

- Sortez de là ! IMMEDIATEMENT !

Ouais, ouais… C’est bon. Avec une lenteur qu’il espérait irritante pour la surveillante, le visage toujours inexpressif, il se traîna hors de sa cachette. Une fois debout et au milieu de la pièce, il s’épousseta brièvement. Il put également constater qu’une élève, curieuse visiblement, c’était arrêtée pour admirer la scène. Il détestait être ainsi regarder, comme une bête curieuse . Cette élève qui le regardait ainsi lui rappelait toutes les raisons pour lesquelles il détestait ses semblables humains… Il ne put s’empêcher de lui jeter un regard meurtrier.



C’est sûr qu’ils allaient avoir du mal à s’expliquer… Il jeta un regard à Kiyomi. *Allez… Aide moi !*Et lui qui n’aimait pas parler, qui n’étais pas doué pour les explications… Argh…

La surveillante se pencha et regarda sous le lit. Eh merde... c'était la fin.


Kei allait être en colère contre moi, il allait m'en vouloir. Après tout, c'était moi qui lui avait demander de rester ici.

- Sortez de là ! IMMEDIATEMENT !

Lorsqu'il s'extirpa de sous le lit et il s'époussta rapidement. Son regard se riva, alors, sur la fille dans le couloir, il lui lança un regard meurtrier. J'évitai le regard de Kei pour ne pas qu'il me fasse la même chose. Il était sûrement en colère...


Je vis alors du coin de l'oeil, Kei tourner la tête vers moi, je ne voulais pas croiser son regard, je continuai alors à regarder le sol.

- Euh… Je jouais du piano ?

- Du piano ?! À cette heure ? Et ici ?!

La surveillante se tourna vers moi.


Je levais les yeux vers la surveillante.

-Ne blâmez pas Kei ! Ce n'est pas de ça faute ! C'est moi qui l'ait forcé à rester ici ! Si ça n'aurait pas été de moi, rien de tout ça ne serait arriver! Alors ne le blâmez pas, je vous en supplie ! Portez toute la faute sur moi et épargnez le !

Je laissai échapper quelques larmes, complètement paniquée à l'idée que Kei cesse de me parler.